Note de situation - Tortures et traitements inhumains de Cyuma Hassan Niyonsenga, tortures sexuelles d’Agnès Nkusi Uwimana, Karasira Aimable bastonné et privé de médicament ! Atteintes à la vie des prisonniers.

Publié le par ODHR

Note de situation - Tortures et  traitements inhumains de  Cyuma Hassan Niyonsenga, tortures sexuelles d’Agnès Nkusi Uwimana, Karasira Aimable bastonné et privé de médicament ! Atteintes à la vie des prisonniers.

Déclaration N°003/2022  - Liberté d’opinion menacée- Tortures et conditions  carcérales inhumaines

Paris 17 juin 2022

Note de situation - Tortures et  traitements inhumains de  Cyuma Hassan Niyonsenga, tortures sexuelles d’Agnès Nkusi Uwimana, Karasira Aimable bastonné et privé de médicament ! Atteintes à la vie des prisonniers. 

L’ODHR voudrait attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur les tortures des journalistes et prisonniers d’opinions  au Rwanda

Les personnes qui ont vécu ou vivent dans prisons rwandaises témoignent sur les conditions carcérales cruelles ainsi que sur les tortures et les traitements inhumains que subissent au quotidien les détenus.   L’Etat rwandais a pourtant ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. La torture (article 112) et la torture sexuelle (article 114)  sont insérées dans la loi N°68/2018 du 30/08/2018 déterminant les infractions et les peines en général.

Cette convention internationale en question indique dans son article 2 « qu’aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture. L'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture ». La mise en pratique de cette convention est incompatible avec les dispositions de la loi et les pratiques que le gouvernement rwandais a initié. Les autorités rwandaises refusent systématiquement des enquêtes sur des exécutions sommaires et des cas de tortures dans les prisons et les stations de police alors que les dispositions de l’Article 12 de la convention sont claires à ce sujet : « Tout Etat partie veille à ce que les autorités compétentes procèdent immédiatement à une enquête impartiale chaque fois qu'il y a des motifs raisonnables de croire qu'un acte de torture a été commis sur tout territoire sous sa juridiction ».

Le gouvernement rwandais a refusé les recommandations y relatives proposées lors de l’Examen Périodique Universel de janvier 2021organisé par le Conseil des Droits de l’homme à Genève. Il a aussi réfuté les faits recueillis auprès des personnes qui ont subis ce genre de traitement par HRW dans ses rapports réguliers alors que les faits sont flagrants.

Des prisonniers dénoncent les tortures subis en détention et réclament devant le juges pendant les procès sans succès.

Plusieurs anciens détenus témoignent sur des tortures et des traitements inhumains dont ils ont été l’objet via des déclarations sur des vidéos et chaines en ligne (Youtube) et dans les procès devant les juges. D’autres témoignages attirent aussi l’attention sur les exécutions sommaires des prisonniers.

Les protecteurs du régime et ses fanatiques vont jusqu’à menacer et harceler ceux qui dénoncent ces situations. De part cette attitude, soit la commission de ces actes est institutionnalisée et fait partie du système, soit elle est commanditée. Ainsi s’en rendent- ils  complices. Cela voudrait dire qu’il y a une chaine de commandement et des responsabilités dans la commission de ces actes. Autrement comment expliquer que des enquêtes qui auraient dû avoir lieu dans une situation normale en respectant les lois et les conventions volontairement adoptées ou ratifiées n’ont pas été menées et rendues publiques pour la poursuite des auteurs ?

  • Persécution et torture de Niyonsenga Dieudonné alias Cyuma Hassan

Le jeune journaliste Niyonsenga Dieudonné très connu sous alias Cyuma Hassan est né le 18 juin 1990. Il a été, comme il le dit dans le slogan de sa chaine TV Ishema, la prunelle ou l’œil du peuple. Il était devenu l’icône des sans- voix et le recours des précaires et des victimes des injustices et des inégalités sociales dans le pays. Il a dénoncé les viols des femmes commis par des militaires dans les quartiers en destruction de la Ville de Kigali (le quartier Bannyahe). Il a fait un reportage sur les exécutions sommaires commises par les forces de l’ordre sur la personne des détenus. Dans son reportage sur le décès du chanteur Kizito Mihigo, Il a indiqué le visage de défunt présentait des blessures contrairement à ce qu’avait dit la police. Il a dénoncé les injustices à l’égard des populations sans défense. Le journaliste dérangeait trop le système d’impunité érigé en mode de gouvernance par le régime.

A la suite de ses activités professionnelles de journaliste, Dieudonné Niyonsenga alias Cyuma Hassan a subi des harcèlements policiers, judiciaires et physiques. Il a été arrêté avec son chauffeur par le Bureau Rwandais d’investigation (RIB) le 15 avril 2020 et acquitté au 1er degré par le tribunal puis libéré en mars 2021. En appel, dans l’arrêt RPA 00369/2021/HC/KIG  rendu le 11 novembre 2021 par la Haute Cour à Kigali,  il a été condamné à 7 ans et à une amende de 5 millions de Frw à la suite des chefs d’accusations dont certains n’existaient plus dans le code pénal rwandais. La peine a été confirmée malgré cette entorse. Au premier degré, Il était poursuivi et acquitté pour : « falsification de documents », « exercice illégal de la profession de journaliste », « entrave à des travaux publics » ainsi que « l’humiliation d’officiels de l’État », ne sont qu’un alibi pour tout simplement le faire taire.

Lors de son procès en appel sur l’irrégularité de la décision judiciaire, le détenu a dénoncé devant le juge les conditions cruelles et  inhumaines de sa détention. Il a affirmé qu’il était dans une cave en isolement où ils subissaient les actes de tortures de toute sorte dont les bastonnades, coups et blessures. Lorsque son père lui a rendu visite en novembre 2021 à la prison de Mageragere/Kigali, il a été arrêté et mis en détention dans des conditions d’humiliation pour le seul fait d’avoir rendu visite à son fils. Il était traumatisé lorsqu’il a été libéré.  Les harcèlements et insultes ignobles en ligne sont régulièrement proférés par ceux qui sont appelés « Intore » ou fanatiques du régime,  formés et encadrés par le régime.

En 2022, devant le public dont les élèves de l’ école secondaire où Cyuma Hassan  a étudié, une parlementaire du nom de Christine Murebwayire, dans un discours de haine innommable,  a appelé à la haine contre Cyuma Hassan (voir Video réalisé par Agnès Nkusi Uwimana - Agnes mu gahinda kenshi: Mumfashe intumwa za Rubanda tuzibutse ko atari intumwa za FPR - Bing video- notre traduction : Agnès très triste : aidez- moi à rappeler aux représentants du peuple qu’ils ne sont pas mandatés par le FPR). Dans une région où est né l’icône du peuple, elle a souhaité dans une intervention devant le public que le journaliste  Cyuma Hassan meurt en prison.  

La maison du journaliste sise à Kigali a été rasée en mars 2022. Des maçons payés ont démoli toute la maison, enlevant brique par brique jusqu’à  la fondation. Des amis et des personnes de bon cœur ont escorté des effets personnels du journaliste chez son père au risque de leur vie.

La journaliste Agnès Nkusi Uwimana, Mme Ingabire Victoire Umuhoza et Karasira Aimable codétenu de Dieudonné Niyonsenga ont tous rapporté les actes de tortures et des peines de  traitement inhumains qu’il subit en prison alors que le juge ne les a pas prescrits et qu’elles n’existent pas parmi les peines  légales. Mme Ingabire Victoire a rapporté dans un entretien en ligne que le 02 juin 2022 (voir Mme Victoire muburakari buvanze n'umujinya mwinshi abwiye FPR amagambo akakaye. - YouTube. Notre traduction : Mme Victoire, furieuse et en colère, dit des paroles très dures au FPR), le responsable de la prison de Mageragere en personne a battu sérieusement Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga de sorte que certains agents, exaspérés par cette attitude de la direction, ont alerté anonymement sur cet acte et la situation de Cyuma Hassan.

Une sœur (https://www.youtube.com/watch?v=eSa32yvu018) [1]  du journaliste qui lui a rendu visite très récemment en date du 10 juin 2022 a rapporté sur Youtube que Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga lui a montré les blessures fraiches et anciennes à l’oreille et sur le corps à cause des bastonnades. Il lui aurait qu’il a subi des tortures sexuelles et qu’il ne pourrait plus  faire d’enfant. Il a dit à sa sœur qu’il ne reçoit pas l’argent qui lui est envoyé pour subvenir à ses besoins en prison.

Tous reviennent sur ces actes de tortures et de traitement inhumains et soulignent les bastonnades, coups et blessures corporelles, persécution et humiliation et isolement. Si rien n’est fait en sa faveur, il va mourir en prison.

L’ODHR condamne ces tortures et demande au gouvernement rwandais de poursuivre les auteurs et toute la chaine de commandement des complices de ces actes de torture et d’accorder des soins adéquats au journaliste Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga.

  • Tortures sexuelles   de la journaliste Agnès Nkusi Uwimana

Les services de sécurité de la prison de Mageragere dans les faubourgs de la Ville de Kigali, s’en sont pris à la journaliste Agnès Nkusi Uwimana  qui avait pris rendez-vous et fait toutes les formalités requises pour rendre visite au journaliste Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga.  Elle avait rendu visite à Karasira Aimable quelques jours avant.

Dans une vidéo en ligne publiée par Umurabyo TV appartenant à la journaliste (Twasuye Cyuma Hassan Dieudonne|| Nimba utihangana ntiwumve uru rugendo🙏 - Bing videoNotre traduction : Nous avons rendu visite à Cyuma Hassan Dieudonné- Si c’est insupportable pour toi- n’écoute pas ce qui s’est passé dans ce parcours de visite), elle témoigne de ce qui lui est arrivé à la prison en date du 06 mai 2022.

Les agents de sécurité  de la prison l’ont amené de la barrière à une salle où elle a subi une fouille corporelle jusque dans ses parties intimes ((3) Rwanda - La journaliste Agnès Nkusi Uwimana fut torturée physiquement et moralement sans raison - YouTube). Toute nue,  quatre dames en gants blanches ont fouillé dans son sexe et écrasé ses seins pour la faire souffrir et l’humilier à cause de ses activités professionnelles de journaliste. Elle se souvient qu’elle avait subi ce genre de tortures lorsqu’elle avait été condamnée et emprisonnée quelques années plutôt. A l’époque elle indique qu’elle trouvait cela normale parce qu’elle était prisonnière.  Les agents de sécurité sont allés jusqu’à lui écrasé les orteils par leurs bottes pour la faire souffrir.

Elle a crié mais personne n’est intervenu pour la secourir. Ce qui signifie que ces actes de tortures et ces actions étaient planifiées  et connues d’avance par les autorités de prison puisqu’elles savaient, par sa prise de rendez-vous d’avance, qu’elle allait venir et que c’est une journaliste critique du régime.

Agnès Uwimana Nkusi est propriétaire du journal et de la Chaine en ligne Umurabyo TV. Elle fait des reportages sur les situations politiques et les injustices à l’égard de la population sans défense. Elle a fait des reportages sur des situations de disparitions forcées, de violences et de situation d’impunité à la suite de la guerre et du génocide des tutsi, des situations d’injustices pour des enfants nés de couples  mixtes (hutu et tutsi). Après avoir purgé sa peine de plus de cinq ans  elle a repris ses activités professionnelles de journalistes. Elle subit des insultes, des harcèlements et des persécutions régulières en ligne et dans les débats publiques dans les médias connus par des fanatiques du régime  à cause de ses activités professionnelles.  Depuis qu’elle a été torturée en mai 2022, elle est régulièrement malade et le public qui la suit s’inquiète de sa santé et  de ce qui aurait pu être inoculé dans son corps lors de la fouille vaginale. 

Cette humiliation et ces actes de tortures sexuelles à la prison de Mageregare est un acte de violation de la liberté d’opinion pour l’intimider et la terroriser pour qu’elle cesse de dénoncer l’impunité systémique instauré par le régime. Ces tortures sexuelles sont pourtant condamnées dans la loi pénale rwandaise comme indiqué plus haut.

L’ODHR fait remarquer que le régime de Kigali avance tout le temps la parité ou le genre dans sa politique de respect, d’égalité et de promotion de la femme.

L’ODHR condamne fermement ses tortures sexuelles et corporelles contre les journalistes Agnès Nkusi Uwimana et Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga et d’autres prisonniers détenus dans les prisons rwandaises parmi lesquels les You tubeurs qui dénoncent des situations d’impunité dans le pays et contre leurs familles.

  • Tortures corporelles et morales  de Karasira Aimable

M. Karasira Aimable est en prison depuis le 30 mai 2021. Lors de l’audience du 30 mai 2022 comme le rapporte la voix de l’Amérique en kinyarwanda et BBC News Gahuza[2], Karasira a dénoncé devant le juge les actes de tortures sur sa personne, sur la personne de Cyuma Hassan Dieudonné. Il affirme être en isolement avec le journaliste Cyuma Hassan Dieudonné et le politicien Christopher Kayumba et d’autres critiques. Il affirme que Cyuma Hassan Dieudonné a subi régulièrement les actes de bastonnades comme lui et d’autres détenus.

Karasira Aimable affirme devant le juge avoir subi des privations de médicaments, des actes d’humiliations, de privations de nourriture ou de distribution d’aliments avariés, d’empêchement de dormir.  Physiquement il est à bout. Dans l’audience il demandait de plaider assis parce qu’il était très fatigué. Il affirme qu’il craignait pour sa vie s’il ne venait pas à l’audience. Il avait été menacé d’être battu pour son absence à l’audience alors qu’il n’avait pas l’intention de se présenter à l’audience parce qu’il sait qu’il y a pas de justice.  Il a déclaré en audience qu’une infirmière qui a des relations haut placées (avec un général) a bloqué ses médicaments à cause de ses opinions sur le régime. Il a lancé une alerte pendant l’audience sur la situation des détenus après la conférence des pays du Commonwealth. Il leur aurait été dit par les services de sécurité que « lui et les codétenus sont encore en vie à cause de la conférence mais qu’après ils allaient les tuer ».

Karasira Aimable est un rescapé du génocide des tutsi. Il était professeur à l’université et son contrat a été forcément résilié à la demande d’un ministre à cause de ses opinions sur les injustices et l’impunité à son égard qu’il faisait passer sur sa chaine Youtube Ukuri Mbona (La vérité que je vois). Les membres de sa famille ont été tués par les interahamwe mais son père, sa mère et sa sœur ont été tué par les militaires du FPR  en juillet 1994 alors le FPR avait pris le pouvoir. Il  dénonce l’impunité des crimes commis envers sa famille. Il dit tout haut qu’il n’aime pas le FPR. Il est poursuivi pour négationnisme du génocide parce qu’il a dénoncé les massacres de sa famille par le FPR et le procès est en cours.

  • Concernant les autres journalistes et membres de l’opposition politiques

Hormis ceux qui, pour des raisons personnelles, ont déclaré aux journalistes et médias envoyés le 26 mai 2022[3] pour des interviews dans les prisons spécialement pour l’image du régime et qui ont déclaré être détenus dans de très bonnes conditions dans la prison de Mageragere à Kigali, les autres détenus crient aux mauvaises conditions de détention, aux mauvais traitements et actes de tortures physiques et morales en prison.

Des sources qui rapportent les cas de Kayumba Christopher, Mme Idamange Yvonne Iryamugwiza, le journaliste Nsengimana Théoneste et ses co- prévenus membres du Parti Dalfa Umurinzi dont Sylvain alertent sur les conditions d’isolement et de mauvais traitements dont ils font l’objet. Le régime fait tout pour  exhiber les photos de  circonstance montrant la chambre dans laquelle loge M. Paul Rusesabagina afin de justifier que les conditions carcérales sont bonnes. Tous dénoncent les conditions de détentions physiques cruelles qui ne respectent aucune loi notamment l’isolement dans les cachots et caves, endroits très froids, sans soleil, endroits sombres, bastonnades réguliers, privations de soins et conditions alimentaires déplorables.   

Mme Victoire Ingabire, qui fait elle-même l’expérience de la prison loin de sa famille,  dans une vidéo YouTube revient sur ces conditions et demandent aux autorités de respecter la loi et la dignité humaine ((3) Bastonnades, tortures et autres traitements inhumains et cruels dans les prisons rwandaises - YouTube). Elle demande aux autorités des conditions carcérales plus  humaines pour tous les prisonniers et notamment les prisonniers politiques et les défenseurs des droits humains. Elle souligne que pendant son emprisonnement, elle-même et Diane Rwigara ainsi que sa mère Adeline Rwigara ont toutes  trois fait l’objet d’isolement dans un endroit froid, sans lumière et sans soleil.  Elles étaient souvent interdites d’aller au soleil et privées des effets et colis envoyés par les proches Elle insiste sur le fait  que les journalistes Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga et Théoneste Nsengiyumva, le politicien youtubeur Rashid Abdul Hakizimana et les membres des partis politiques Dalfa Umurinzi dont Sylvain Sibomana et Hamadi Hagengimana sont en détention suivie d’isolement.

Dans son témoignage elle déplore les bastonnades dans les prisons, décidés par les autorités pénitentiaires notamment à Mageragere, à Miyove, à Rubavu et relève que la commission parlementaire et la commission nationale des droits de la personne au Rwanda évitent de dénoncer ces situations lors de leurs visites organisées dans les prisons.

Dans les témoignages des anciens prisonniers, tous rapportent que les détenus sont frappés par des équipes internes de détenus formés à cet effet. Ces équipes sont supervisées par les agents de gestion administrative de la prison. Certains meurent sous des coups de manière intentionnelle et des déclarations de décès mentionneraient qu’ils sont mort de maladie. .  

Les bastonnades et  d’autres actes inhumains  sur des détenus causant des souffrances corporelles et mortelles avec la complicité de la direction et des services de sécurité des prisons devraient faire l’objet d’enquête et suivi de poursuites légales dans un Etat de droit.

  • Autres actes et traitements inhumains – Exécution sommaires sur la personne des autres détenus.  

Les témoignages des anciens prisonniers rapportent aussi des assassinats ou exécutions sommaires dans les prisons.

A sa sortie de prison en mars 2021, le journaliste Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga a parlé d’exécutions sommaires et des conditions carcérales inhumaines dans ses témoignages en ligne.

Dans ses témoignages entant que journaliste et ancienne prisonnière, la journaliste Agnès Nkusi a rapporté de mauvais traitements constatés lorsqu’elle était en détention et comment les femmes sont traitées et fouillées corporellement jusque dans leurs parties intimes et d’autres traitements indignes d’un Etat de droit. 

Durant leurs procès le journaliste Cyuma Hassan Dieudonné Niyonsenga, le You tubeur et politicien Hakizimana Abdul Rashid ainsi que Karasira Aimable ont demandé au juge au cours de leur procès d’examiner les conditions de détention inhumaines et les tortures dont ils faisaient l’objet mais aucune suite n’a été donnée à leur requête.

Mme Ingabire Victoire, bien informé sur les conditions de détentions au Rwanda et ancienne prisonnière  revient dans ses témoignages sur des cas délicats des prisonniers, des tortures et des conditions inhumaines dans la prison de Rubavu et de Miyove.

Dans les témoignages d’Eric Nshimyumuremyi, ancien prisonnier qui a vécu dans plusieurs prisons lors des différents transferts est très intéressant  sur les traitements inhumains et exécutions sommaires des prisonniers. Voir vidéos Youtube « Gereza ya Rubavu:Dore urutonde rwimfungwa ziciwemo/Kayumba na Kayitani bahitanye benshi/Twagiramungu - YouTube[4] (notre traduction : La prison de Rubavu : voici la liste des prisonniers tués/Kayumba et Kayitani en ont éliminés beaucoup/Twagiramungu)». 

Les témoignages reviennent sur l’implication directe des directeurs de prison. Les directeurs mis en cause dans les prisons sont Kayumba et Gahungu Ephrem. Des prisonniers cruels mis en cause et sollicités par le directeur de prison pour tuer ou punir les autres prisonniers sont en équipe et sont protégés par les autorités. Ils seraient très sollicités et se déplaceraient de prison en prison pour des tâches spécifiques sur des récalcitrants. Le nom d’un certain Kayitani Réverien revient souvent dans les témoignages. Ils ont droit de vie et de mort sur les détenus.

Parmi les personnes tués dans la prison de Rubavula suite des tortures, les témoignages citent notamment :

  • Seyeze Ndaribitse Jean Claude de Musanze, battu à mort par l’unité RP en présence du directeur de prison,
  • un certain Mathias et Nakaveve  tués à Rubavu,
  • Makidadi Abdulatif Lambert fils de Buhinja de la Cellule Bitambi, secteur Nyamasheke, né en 1979 emprisonné en 2007, condamné à 20 ans ; il a été tué en 2020,
  • Nkurunziza Charles originaire de Rusizi /Cyangugu  tué sauvagement en présence des prisonniers accusés d’avoir SM Card.
  • Rutaganda Célestin originaire de Kabeza  tué parce qu’il avait la monnaie sur lui. Il a été battu à mort.
  • Un certain Gahanzi  tué au cachot. 
  • Nzeyimana qui venait de Mpanga, tué sur ordre de la direction de prison.

Le témoignage souligne qu’à la prison de Rubavu à Nyakiriba, la vie y est très dure ! Pas de dignité et les prisonniers sont convaincus qu’ils ne sont que des saletés. Les prisonniers subissaient ce qu’ils appellent « Yorudani ». Avant la bastonnade, ils étaient d’abord immergés dans l’eau au point de  suffoquer.

Des prisonniers rendus infirmes par la torture et les bastonnades sont beaucoup mais citons :  

  • Ndagijimana Emmanuel fils de Habyarimana Jean Baptiste et de Mahoro Alphonsine  du village Terimbere, Secteur Nyundo dans le district de Rubavu. Il a été battu jusqu’à ce que  les muscles des fesses soient déchiquetés et  enlevés. Il a été opéré pour enlever les chaires mortes.  Il se tient sur des bâtons.
  • Ahorushakiye Protogène originaire du district de Ngororero. Il est handicapé et est en chaise roulante. Il est passé sur TV1 en chaise roulante.

Les bastonnades et conditions de détentions inhumaines et dégradantes ne sont pas dans la législation et les conventions signées par l’Etat Rwandais. Ce genre de punitions et traitements sont ordonnés par les responsables de prison et la hiérarchie administrative pénitentiaire. Autrement un simple agent de sécurité ou un autre prisonnier n’oserait porter atteinte impunément à la vie d’un détenu sauf si la vie d’un prisonnier ne compte pas. Il sont tous tenus responsables et devraient répondre de la vie des prisonniers.  

L’ODHR condamne ses assassinats programmés et des conditions inhumaines dans lesquelles les prisonniers sont détenus. A l’examen de ces témoignages, les conditions animales dans lesquelles les prisonniers sont détenus sont indignes d’un Etat de droit qui veut montrer au monde entier une belle image de gouvernance, de respect de la dignité humaine, de panafricanisme et d’humanité dans l’accueil des réfugiés du monde entier.  Les organisations internationales auxquelles l’Etat Rwandais a adhéré notamment l’OIF et la Commonwealth même si elles sont actuellement  sous gouvernance de l’autorité rwandaise, ainsi que l’East African Community et l’Union Africaine devraient leur exiger le respect de la dignité humaine envers ses citoyens avant d’étaler son humanité sur d’autres terrains du monde entier.

  • Recommandations

L’ODHR demande  au gouvernement rwandais de respecter les conventions ratifiées par l’Etat Rwandais et de mener des enquêtes impartiales sur ces situations comme l’exige la convention internationale contre la torture et de poursuivre les auteurs et les complices qui agissent en toute impunité. 

L’ODHR demande également d’améliorer les conditions carcérales des prisonniers notamment en supprimant l’isolement et d’autres peines corporelles extrajudiciaires et en permettant à tous les prisonniers l’accès aux soins, aux visites, à l’alimentation saine et complète

L’ODHR demande aux organisations internationales, aux missions diplomatiques affectées à Kigali et aux institutions internationales d’exiger que le gouvernement rwandais diligente des  enquêtes indépendantes sur les exécutions sommaires, les assassinats et les  tortures corporelles et sexuelles subies par les détenus dans les prisons rwandaise.

L’ODHR demande spécialement à la Commonwealth et à l’OIF auxquelles les membres adhérent à condition de respecter les valeurs et les principes de ces organisations, dont le respect de la dignité humaine et les droits fondamentaux des droits humains,  d’exiger que le gouvernement du Rwanda respecte la vie des prisonniers et interdise les actes de torture dans les prisons.

Pour l’Observatoire des Droits de l’Homme au Rwanda (ODHR)

Munyandilikirwa Laurent

Date : 18 juin 2022.

 
[1] https://www.youtube.com/watch?v=eSa32yvu018 «  CYUMA arikwicwa urubozo| yambwiye ko azanye n'umugore ntacyo yamumarira|| Mushiki we abivuze Byose (notre traduction :Cyuma est torturé/il m’a dit que s’il amenait une femme,il ne pourrait rien faire avec elle (pour dire  pas de relation sexuelle). La sœur de Cyuma décrit au micro d’Imbarutso ya Demokarasi.

[2] 🚨Karasira avuze iyicarubozo akorerwa Muri Gereza / abaraho bose barikanze kubera ibyo atangaje - Bing video (notre traduction :Karasira  parle des tortures qu’il subit en prison /L’audience ont été frappé par ce qu’il a déclaré) du 30 mai 2022. Voir aussi BBC News Gahuza sur Rwanda: Aimable Karasira mu rukiko yavuze ko akorerwa iyicarubozo aho afungiye - BBC News Gahuza du 30 mai 2022.

[3] Voir : Imbamutima za Sankara wayobotse Leta: Yageneye ubutumwa abamwita ’akabwa’ - IGIHE.com, article de Ferdinand Maniraguha intiutlé : Imbamutima za Sankara wayobotse Leta: Yageneye ubutumwa abamwita ’akabwa’(notre traduction : Les sentiments de Sankara qui a fait allégéance à l’Etat, message à ceux qui l’ont qualifié de « petit chien »),  26 mai 2022.

[4] Umurabyo TV du 27 septembre 2021.

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